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Sophie Bise, à vélo sur les eaux du Léman

Cette mère au foyer de 48 ans a son petit secret pour s’offrir un moment de totale sérénité au cœur de son planning surchargé: une sortie en «waterbike» sur le lac.

Les lacs, fierté et richesse de la Suisse. Du 16 au 20 juillet, «Le Temps» part à la rencontre de cinq personnages qui les aiment et les font vivre pour les autres.

Episode précédent:

L’appel du large, mais au bord du Léman, avec Alain Fallot

Nombreux sont ceux qui rêvent de trouver une île déserte où s’échapper quand le stress de la vie quotidienne les tenaille. Qui n’a, en effet, jamais souhaité se retrouver seul, tel un Robinson Crusoé perdu au cœur de la nature la plus véritable? Sans quitter sa vie de mère au foyer bien occupée, la Lutryenne Sophie Bise peut désormais compter sur une réelle échappatoire: le waterbike, soit le vélo nautique.

Grâce à cette nouvelle pratique, importée des Etats-Unis par la société de son mari, l’appel du large se concrétise en quelques instants. Quelques coups de pédale sur les eaux du Léman, et voilà que cette belle quadragénaire, bien dans sa tête et ses baskets, savoure déjà le goût exquis de la solitude, au cœur d’un environnement paradisiaque.

Darrin Vanselow pour Le Temps

«C’est l’activité la plus zen que je connaisse, s’enthousiasme-t-elle. Quel cadeau extraordinaire d’être seule! Jamais je n’ai ressenti une telle sensation de liberté. Je peux pédaler sans contrainte, je n’ai pas à être attentive aux feux de signalisation ou à la voiture qui passe à côté de moi.» Et de poursuivre, avec la même conviction: «Même quand on court, il faut regarder où on met les pieds, se soucier des autres coureurs, que l’on croise ou qu’on doit dépasser. Toute cette gestion du monde n’existe plus: là, il n’y a plus personne! On peut voguer à sa guise.»

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Une seule limitation à ces échappées est cependant donnée par l’Ordonnance sur la navigation dans les eaux suisses, qui stipule que tout engin de plage ne doit pas s’éloigner de plus de 300 mètres de la berge. Sophie Bise n’y voit là aucun frein à ses évasions lacustres «puisque, spontanément, on aura plutôt tendance à longer la côte, dans un sens ou dans l’autre». Car l’activité exige tout de même quelques efforts. Et c’est précisément ce qui a séduit cette grande sportive, qui a beaucoup pratiqué la voile, la natation synchronisée ou encore le vélo justement. Après une chute où elle est «partie dans le décor», elle n’a plus trop l’envie de partir seule sur le bitume. «Je suis devenue trouillarde. En plus, je ne sais même pas changer une roue!» s’amuse-t-elle.

Contemplation rêveuse

Différentes opérations ainsi qu’un problème d’arthrose ont fini par avoir raison de son goût pour le pédalage. Jusqu’à ce que son mari déniche, à San Francisco, cet ingénieux assemblage, composé d’un cadre de vélo classique relié à deux boudins gonflables. «Avec le waterbike, il n’y a plus ni descente ni montée», précise-t-elle. «Certes, il y a la résistance de l’eau, cela correspond à du faux plat, mais on peut totalement adapter son intensité de pédalage. Tout dépend de ce dont vous avez envie. Moi, je suis plutôt à me la jouer balade tranquille, à la cool.» La Vaudoise l’affirme très clairement, «mon but n’est pas de réaliser des prouesses, mais de me ressourcer, tout en faisant une activité un peu physique».

Darrin Vanselow pour Le Temps

Sophie Bise n’en oublie pas pour autant de prendre son temps. Si elle aime allier les séances de contemplation rêveuse à ces sorties sportives, assise sur un des pneumatiques, elle apprécie tout particulièrement le cocktail cyclisme et natation en un. Ainsi, une fois au large, il n’est pas rare qu’elle descende de son engin pour profiter des eaux tranquilles et rafraîchissantes. «Je pense également depuis longtemps à louer un waterbike avec une amie pour rejoindre une crique un peu plus loin ou aller boire un café dans un autre port. Mais cela ne s’est jamais fait, car c’est toujours la même chose: il faut faire concorder nos agendas, qui ne sont jamais alignés!»

Pédaler en famille

Alors quand cette quadra souhaite partager ce moment de détente enchanteur, elle demande à sa famille: «Lucas, mon fils de 9 ans, aime spécialement s’asseoir sur un des boudins et laisser ses pieds traîner dans l’eau.» Un cadre taille enfant est également disponible en location, quand il désire aussi travailler du mollet. Quant aux accessoires, tels le panier pour le pique-nique ou une plage pour s’étendre et bronzer au soleil à l’avant de la structure, ils peuvent très facilement être ajoutés au dispositif lors de la location. Le moment de farniente peut donc se prolonger à l’envi. «C’est vraiment plus stable qu’un paddle. Même avec les grandes vagues formées par les bateaux de la CGN, on bouge à peine», précise-t-elle encore.

Darrin Vanselow pour Le Temps

Cet été, Sophie Bise compte bien profiter encore de son embarcation, que la météo y mette du sien ou non d’ailleurs. «Pas besoin qu’il fasse super chaud. On peut très bien faire du vélo nautique sans se mouiller, ou alors juste les doigts de pied au moment d’enfourcher sa selle», souligne-t-elle. «Paradoxalement, on peut plus facilement faire du waterbike par temps pluvieux que du vélo sur route mouillée!»

Pas besoin non plus d’avoir beaucoup de temps à disposition: le gonflage des pneumatiques et l’assemblage de l’équipement ne prennent que «dix minutes à tout casser». Une balade de 30-40 minutes suffit déjà à produire tous ses effets, tant sur les cuisses que sur l’esprit. «Quand on expérimente pareil moment de sérénité, on a vraiment l’impression que le temps s’arrête, résume-t-elle. Et l’on se sent profondément requinquée.»

https://www.letemps.ch/lifestyle/sophie-bise-velo-eaux-leman